Un tableau comparatif des prix des denrées et aliments de base entre 2009 et 2022, posté sur les réseaux sociaux, suscite l’indignation de la population tunisienne, tant le citoyen lambda s’est appauvri, celui auquel «il ne reste plus que les yeux pour pleurer»… A quand la fin des maux ?
On ne va pas passer par quatre chemins pour résumer l’énormité de l’inflation durant cette dernière décennie. De 2009 à 2022, la douzaine d’œufs est passée de 1,40 à 5,960 D, le paquet de farine de 630 millimes à 2,300 D ou encore le paquet de 200 grammes de beurre de 1,420 à 5,400 D et tout ça dans un pays où le Smig est de 400 dinars. Ce n’est pas tout, car une vingtaine de produits sont référencés à la hausse dans ce tableau. Des prix doublés, triplés voire quadruplés en l’espace de quelques années, sans que personne ne bronche vraiment ou se rende compte du désastre. Le phénomène de la cherté de la vie est une réalité amère. En Tunisie, l’inflation se poursuit d’année en année, il n’est plus étonnant de voir les prix évoluer de façon inexorable sans qu’on ne trouve de remède. Jusqu’à quand le citoyen doit-il se serrer la ceinture et souffrir tous les maux ? Sitôt, l’année 2022, source de tous les ennuis, terminée, que l’année 2023 débute en fanfare avec une valse des prix à la hausse sans pareille. Désormais se déplacer coûte cher, se nourrir coûte bien cher et se soigner coûte encore plus cher, quand cela est possible. Parce qu’étudier, ça coûte les yeux de la tête. «On touche le fond, non je dirais même plus, on est au bord du précipice», clame un citoyen ordinaire, lassé de faire face à une vie chère et financièrement moribonde dans son quotidien. Ridha N., père de famille et fonctionnaire de l’Etat, affirme en grognant : «Désormais un salaire de 3.000 dinars par personne est nécessaire pour vivre décemment et convenablement, hormis cela, c’est la galère assurée».
Tendance haussière des prix
L’inflation a connu un pic sans précédent à 10% en décembre 2022. malgré tout, les prévisions tablent sur le retour d’une inflation à un chiffre autour de 5% au milieu de l’année en cours. Mais en attendant, les prix sur le marché continuent de grimper. Dernière augmentation en date celle des conserves de tomates concentrées qui passent de 3,700 à 4,900 D la boîte de 800 grammes. A ce sujet, le tableau en question mentionne une augmentation des tomates concentrées de 1,650 D en 2009 à 2,5 D les 500 grammes en 2022, soit une augmentation de 850 millimes… A ce phénomène de cherté de la vie, celui sous-jacent de la pénurie des produits de base continue de plus belle avec une grande nouveauté. Ce sont désormais les pâtes alimentaires qui manquent sur les étalages des rayons des supermarchés. Durant la semaine du 8 janvier 2022, la population locale n’en revient pas et constate des rayons entiers vides avec quelques maigres paquets de pâtes par-ci, par-là qui subsistent encore quelques secondes. Pendant ce temps-là, pour ne pas rester en reste, les professionnels, qui peuvent faire grimper les prix, n’hésitent plus à le faire. Même la coupe de cheveux pour hommes traditionnellement abordable coûte cher et certains sont passés à la tondeuse.
En fait, on vit une situation où il y a une grande proportion des commerçants et prestataires de services à tarifer au prix fort le client. Une augmentation entraînant une autre dans une série sans fin sous forme de cercle vicieux où chaque partie veut tirer son épingle du jeu. Tout a augmenté ou presque, à tour de bras. L’activité ou le secteur qui n’augmente pas ses tarifs court à sa perte, tandis qu’on se demande comment ceux qui ont augmenté arrivent encore à écouler leurs marchandises et trouver de la clientèle !
Manger à l’extérieur du domicile coûte cher et n’est ni bon ni sain pour le corps humain. De plus en plus il y a à craindre pour sa santé, tandis que cette dernière n’est même pas garantie, vu que même les médicaments sont de plus en plus chers, quand ils sont disponibles… A côté de cela, la population vit avec des moyens dérisoires, notamment dans l’exercice de son activité professionnelle publique ou privée et ne peut améliorer sa situation qu’en facturant toujours plus salé! Aux dernières nouvelles, même la friperie est sujette à l’inquiétude, puisque le vendeur de fripe doit payer plus d’impôt et donc répercutera une hausse de prix sur le client. Il faut se demander qu’est-ce qui n’a pas augmenté en Tunisie de façon sérieuse pour avoir une réponse !
Un café, un journal et on repart !
Le prix de certains quotidiens nationaux est de 1,5 dinar pour le plus grand bonheur des lecteurs qui peuvent lire et découvrir avec un expresso, les actualités du pays. Le café en boisson étant lui aussi encore abordable par rapport aux denrées alimentaires même si le café moulu turc a disparu au grand dam des consommateurs. Entre cherté de la vie et pénuries à tour de bras, le citoyen tunisien ne sait plus sur quel pied danser.